A la fin des années
70, Pierre Goldman, journaliste et personnage-phare de la gauche héritière
de mai 68, va jouer un rôle important pour faire connaître
la nouvelle musique salsa à Paris. Il organise l'arrivée
du chanteur Azuquita qui va se reproduire à La Chapelle
des Lombard. Pour accompagner Azuquita, Pierre Goldman fait
appel à des musiciens du groupe résident de L'Escale.
Mais Pierre Goldman n'assistera pas longtemps au succès de la salsa à Paris
avec Azuquita. Peu de temps plus tard, le 29 septembre 1979, il est mort assassiné à Paris.
En 1967 Pierre Goldman réussit à rejoindre Cuba pour soutenir la révolution,
puis ultérieurement le Venezuela avec l'idée d'entrer dans
la guérilla.Il ramène de Cuba une fascination pour sa musique
et il la joue en amateur, aux percussions.
Sorti de prison, Goldman rejoint le jeune quotidien Libération comme journaliste.
Sa passion pour les tropiques des Caraïbes ne l'a jamais lâché.
Tous les soirs, il va s'imbiber de salsa ("du rhum dans les oreilles")
. Il se joint même parfois aux salseros en jouant des tumbas. A l'époque,
la salsa s'écoute à la Chapelle des Lombards, au New Morning,
à l'Escale... . Il a aussi besoin de se ressourcer... toujours aux
Caraïbes. Il y améliore encore son créole qu'il parle
déjà couramment et, comme toujours, s'explose à la salsa. (1)
Dans Libération, il publie un article conséquent sur les racines africaines de la
musique cubaine et le contenu culturel de la musique salsa. Progressivement
il va se consacrer à la pratique de cette musique et à sa
promotion. Vivant sa passion au quotidien, son monde s'organise autour d'activités
liées aux Caraïbes. Avec son cercle d'amis antillais et latinos-américains,
il fréquente l'Escale.
A la fin des années 70 il va devenir le principal promoteur de la
salsa à ses débuts à Paris.
En 1979, Pierre Goldman s'associe à son ami Jean-Luc Fraisse, patron de la
Chapelle des Lombards, pour faire venir Camillo Azuquita, un brillant chanteur
de salsa de New York d'origine panaméenne.
La rencontre avec Azuquita date de mars 1977 lors d'un concert à Porte de Pantin
à Paris. Sous un chapiteau on vient écouter Cheo Feliciano
et sa très cuivrée Tipica 73. Avec lui un chanteur qui a déjà
une "super-cote" à New York, Azuquita.(2)
Rémy Kolpa Kopoul, rédacteur en chef de Radio Nova, assistait au concert
avec son ami Pierre Goldman. Il décrit la rencontre avec Azuquita :
"Debout à mes côtés, la hanche souple et la tête aux aguets,
Goldman mûrissait un truc. Juste avant la pause, il m'a hurlé
à l'oreille, "tu voix, le petit chanteur à la gauche
de Cheo, il s'appelle Azuquita, et lui il faut qu'il vienne s'installer
à Paris. Il a déjà une super-cote à New York
et ici on a besoin d'un jeune énergetique comme lui pour installer
la salsa dans ses meubles". A l'entr'acte, il a filé backstage
avec une bouteille de cognac, histoire de faire connaissance. Il en est
revenu tout excité, "c'est mon pote, tu verras, j'ai son adresse,
il va débouler un jour".(2)
En septembre 1979 Azuquita arrive effectivement à Paris. "Costard blanc immaculé
et panama vissé au chef, il prend possession de la Chapelle des Lombards,
une cave médievale reprise l'année précédente
par les époux Fraisse.
Jusqu'alors antre du jazz et de la musique antillaise, la Chapelle était déjà
salsaïsé par le combo du Martiniquais Henri Guedon.(2)
A la Chapelle Azuquita est entouré de la crème des salseros latinos-parisiens.
Pour l'accompagner, Goldman et Fraisse font appel à des musiciens
antillais du groupe résident de l'Escale. (3)
Azuquita gardera la flemme de la salsa, entre Paris, New York et la Caraïbe.
Dans sa foulée naissent des groupes, Los Maniseros, La Charanga Nueva, avec
de nouveaux arrivants, Cuchi, Pacheco, Cutufla, Charuto... et s'installent
pour un temps les légendaires Patato Valdes, Mauricio Smith, Alfredo
de la Fe.(2)
Pierre Goldman n'assistera pas à ces futurs développements de la
salsa. Quelques jours après avoir installé Azuquita à
la Chapelle des Lombards, il est assassiné à Paris, le 29
septembre 1979. Son assassinat a été revendiqué par
un groupouscule d'extrême droite portant le nom "Honneur à
la police"…
"L'ivresse de la Liberté. Le bonheur aussi. Il a maintenant épousé
sa correspondante antillaise, Christiane. Elle est enceinte. Ce 29 septembre
1979, elle est déjà en clinique, prête à accoucher.
Comme d'habitude, Pierre Goldman a été écouter de la
salsa jusqu'à l'aube. Il a même fait le buf avec son
pote Azuquita qui est d'ailleurs venu dormir chez lui au petit matin.
Vers midi, Pierre émerge, il sort acheter ses journaux place de l'abbé Hénocque.
Le commando l'y attend. Depuis quelle heure? Un des tueurs est planqué
dans le hall de l'hôpital, un autre arrive par la rue des Peupliers,
le troisième attend dans une "voiture rouge" (94) garée
rue de la Colonie. (…) Une demi heure après, le commando "Honneur
de la Police" revendique le meurtre auprès de l'AFP.
Quelques heures plus tard, Christiane, sa femme, accouche de leur enfant.
Pierre n'aura pas connu son fils, Manuel.(1)
1. 2017 : en cours d'actualisation
2. Saúl Escalona, La Salsa. Paris, L'Harmattan, 1998.
3. Yannis ruel. Les soirées Salsa à Paris. Paris, L'Harmattan, 2000.
16 août 2006 - 2017 : Cet article est en cours d'actualisation
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